Phototalk Jerome Colombe

Backlight republie les phototalks parus dans notre revue trimestrielle. Au travers de ces échanges, découvrez les nouveaux talents de la photographie amateure. A travers un phototalk, ils partagent avec nous leur passion de l’image. Voici le Phototalk de Jérôme Colombe

Inside the Whole, Porta Fira Tower by Toyo Ito and Fermin Vazquez, Barcelona de Jerome Colombe

Tu fais beaucoup de photos mobiles, qu’est-ce que tu as trouve dans ce format que tu n’as pas trouve ailleurs ? As-tu un reflex par ailleurs et l’utilises-tu ?

J’ai toujours photographié avec différents types d’appareils : Polaroid, argentique, puis j’ai redécouvert la photo avec le numérique, comme beaucoup je pense.

Ce qui m’a fasciné avec le mobile tient à l’utilisation de la visée sur un écran (Liveview) comparée à la visée réflex, et donc à la différence de regard qui en découlait. Je joue dans mes cadrages avec des angles de vues plus instinctifs et sans me cacher derrière un objectif… C’est cette instantanéité que je peux saisir avec la photo mobile, contrairement à la prise de vue avec le réflex, en me concentrant uniquement sur le cadrage, pas les réglages de vitesse ou d’ouverture. La seule astuce que j’utilise est la surexposition du ciel pour détourer à la prise de vue mon sujet principal, c’est à dire l’architecture moderne. En revanche, on découvre assez vite les limites techniques de la photographie mobile : la résolution de 8 mégapixels pour les plus avancés – comme mon iPhone – est suffisante si on fait de simples recadrages mais très insuffisante en basse lumière ou pour les sujets lointains. Cela m’arrive souvent en photographie d’architecture lorsque le site est inaccessible ou que je suis en voyage sans pouvoir décider de l’heure idéale de shoot. On reprend donc avec plaisir le reste du matériel délaissé injustement dans un placard depuis l’arrivée du mobile :)

Tu as maintenant 1735 followers sur Instagram avec lesquels tu interagis beaucoup. La viralite, c’est un moteur pour toi ?

La force d’Instagram c’est d’ajouter la dimension de communauté à l’instantanéité de la photographie mobile. Instagram ajoute aussi le pouvoir étonnant de certains filtres que j’utilise (ou non) en fonction du type de photo. J’ai aujourd’hui environ 1700 abonnés de tous les pays, cependant on comprend vite que ce n’est pas le nombre de followers qui fait la richesse mais bien la qualité de leurs intéractions par des ‘like’ ou des commentaires; cela représente environ 20% de ces abonnés. Au fur et à mesure, un lien régulier se met en place et le dialogue s’installe dans lequel chacun partage son univers… On a alors envie de mieux connaître la personne même si chaque photo donne une certaine vision de celle-ci. J’étais très actif sur d’autres réseaux sociaux comme Twitter, mais je n’ai pas cherché à me faire connaitre frénétiquement sur Instagram : j’utilise avec parcimonie les hashtags, un des moteurs d’IG, car j’attends plus de sérendipité dans la découverte des autres et c’est sûrement le cas pour beaucoup de mes abonnés. De fait, je pense attirer de nouveaux followers par le thème de mes photos, la photographie d’architecture. C’est aussi pour cela que je teste un autre compte (@ornytion) en N&B plus classique pour continuer à découvrir l’écosystème d’Instagram et ne pas me cloisonner.

L’architecture semble pour toi un sujet inepuisable. Tu joues beaucoup avec les contre-plongees, les perspectives, les lignes de fuite, les symetries… tu aimes aussi beaucoup retourner les photos, elles deviennent alors deroutantes et encore plus graphiques. Le format carre, c’est une revelation pour cela ?

Absolument ! On avait un peu oublié ce format avec la disparition du Polaroid car le format 6×6 s’adressait plutôt à des initiés. Instagram a eu la bonne idée, en plus des filtres, de contraindre le photographe à penser ‘carré’ à la prise de vue. Pour ma part, je continue à prendre la photo hors d’IG mais je me force à imaginer son cadrage lors du passage au format carré au moment de la prise de vue. Il y a donc 4 coins pour appuyer une image en plus de la règle des 4/3 que l’on peut ainsi prendre en défaut plus facilement pour déséquilibrer la photo. C’est ce principe de base que j’applique à la photo d’architecture en ce moment. Je souhaitais être en rupture pour éviter la photographie académique des bâtiments, surement et déjà largement visible. J’ai donc décidé d’une règle simple en cherchant 2 angles (4 pour les structures les plus complexes) particuliers pour chacun afin de souligner un aspect souvent caché des immeubles modernes transcendé par le format carré, leur graphisme. C’est ainsi que je redécouvre ces œuvres architecturales en m’approchant au plus prêt mais aussi en constatant combien ils sont insérés dans leur environnement par ce graphisme évident. Sortir de la ligne d’horizon, mais en gardant le ciel avec ou sans nuages, permet de retourner horizontalement ou verticalement la photo (ce que je fais de plus en plus à la prise de vue pour valider mon idée).

Tu photographies ce qui te «tombe sous l’oeil» ou est-ce que tu as aussi une demarche proactive en preparant tes sorties photo ?

Sur Paris, j’ai tendance à prendre mon vélo pour aller vers un quartier prévu à l’avance car j’imagine le résultat possible en fonction du temps (gris le plus souvent mais j’avoue que le bleu du ciel cet été m’a permis d’oublier mes envies de reflets de nuages et de surexposition du ciel !) et de l’heure de la journée (matin ou fin d’après-midi). J’aime faire une série sur place en essayant de trouver ce que j’appelle des « photos de respirations » dans ma galerie : StreetArt, mobilier urbain et parfois quelques humains perdus dans les lieux ! Ainsi, j’ai du temps pour faire le tour complet du lieu et choisir mes angles de prise de vue. En revanche, lorsque je suis en voyage, j’ai peu de temps et j’essaye de trouver des quartiers susceptibles de contenir une architecture moderne ou atypique … comme le principe du Vélib Parisien se retrouve dans beaucoup de ville de France ou d’Europe, cela me permet de découvrir la ville d’une autre façon … je reçois même, parfois, des commentaires d’abonnés habitant la ville qui redécouvrent celle-ci à travers mes photos décalées. J’aime être surpris en découvrant les lieux et j’essaye de ne pas reproduire ce que j’ai pu voir sur un guide ou sur Instagram tant la photo d’architecture est riche et présente sur ce médium. En résumé, j’adopte une forme d’instantanéité programmée dans mes balades photographiques !

Retrouvez Jérôme Colombe sur flickr.

LUX, Museo del Novecento by Italo Rota - Milano de Jerome Colombe


Discover new talents of amateur photography. Through a phototalk, they share with us their passion for image.

You take a lot of mobile photos. What do you find in this format that you do not find elsewhere? Do you have a reflex viewfinder, and do you use it?

I have always used different types of cameras: Polaroid, film etc. and then I discovered digital photography just like a lot of others. What fascinated me with my mobile device was the use of a liveview screen as opposed to a through-the-lens view and consequently a difference in my viewing arose. I play with the frames and viewing angles instinctively without hiding behind a lens. It is this immediacy that I like with mobile photography, unlike reflex photography, I can focus only on the frame and not the speed settings or aperture. The only trick I use is the exposure of the sky for trimming the shot around the principal subject i.e. modern architecture. On the other hand, you quickly discover the technical limitations of mobile photography. For example, my iPhone (8 megapixels for the more advanced) is adequate if you simply want to crop, but it is insufficient in low lighting and for long distance shots. This happens to me often in architectural photography when the site is inaccessible, or I am traveling without being able to choose a specific time to shoot. You then have great pleasure in getting out your other, unjustly neglected equipment from a cupboard; placed there since the arrival of a mobile device :)

You now have over 1700 Instagram followers with whom you interact a lot. Is social networking an important working tool for you?

The strength of Instagram is the added dimension of community immediacy to mobile photography. Instagram also adds some amazing filters that I use (or don’t) depending on the type of photo. I have over 1700 followers from many different countries, but you soon realize that it is not the number of followers that counts, but the number of ‘likes’ and the quality of their comments that matter. This represents about 20% of my followers. Little by little regular contact is set up and a dialogue develops in which everyone shares their opinions… We then want to learn more about the person even if each photo gives a different idea. I was very active on other social networks, like Twitter, but I have not tried with the same frenzy on Instagram. I use hashtags sparingly, one of IG search engines, because I expect the serendipity of others, and this is certainly the case for many of my followers. In fact, I think attract new followers by the chosen theme of my photos: architectural photography.This is why I am trying out another account (@ornytion) with B&W, more traditional photos to continue exploring the Instagram ecosystem, and to avoid limiting my horizons.

For you, architecture seems to be an inexhaustible subject. You like playing with low-angle shots, different angles, converging lines, symmetries… you love turning your photos upside down making them more confusing and consequently more graphic. Is the square format a revelation for all this?

Absolutely! We had forgotten about this format with the disappearance of Polaroid, as the 6×6 was known mostly to ‘insiders’. Instagram not only has good filters, but it also forces photographers to think ‘square’ when taking a shot. I continue to shoot outwith IG, but I always imagine the final square frame when taking a shot. There are 4 corners to support an image in addition to the 4/3 rule that can be used as a default to unbalance the photo. This is the basic principle that I apply to my architectural photography at the moment. I wanted to avoid academic photography of architecture, definitely too visible. I therefore use a simple rule: I use two specific angles (4 for the most complex structures) in order to emphasize an aspect often hidden in modern buildings yet enhanced by a square format: their design. I thus rediscovered architectural works by getting as close as possible, but also recognising how they are embedded in their environment by their marked design. Taking a shot off the line of horizon, keeping the sky with or without clouds, turning the photo horizontally or vertically, this is what I do more and more when shooting to validate my ideas.

Do you photograph whatever you happen to come across, or do you have a proactive approach and prepare your photo walks in advance?

In Paris I tend to take my bike to go to a specific neighborhood, planned in advance, because I like to imagine the possible result that depends on the weather (usually cloudy but I admit that the blue sky of summer makes me forget my craving for cloud reflections and over-exposure of the sky!) and on the time of day (morning or late afternoon). I like to shoot a series of photos to try and find what I call «photos de respirations «for my gallery: StreetArt, urbanism and sometimes a few people who are lost! I therefore have enough time to check out the place completely and to choose the angles from which I want to shoot. On the other hand, when I travel, I have little time and try to find areas with modern or unusual architecture. The principle of the Parisian Vélib is found in many cities in France and Europe and this allows me to explore the city in another way … I even get comments sometimes from followers living in the city I’m visiting that tell me how they have re-discovered part of their city with my staggered photos! I like to be surprised by the places I discover and I try not to duplicate what I see in tourist guides or on Instagram, where architectural photography is extremely present. Subsequently, I adopt a form of ‘programmed immediacy’ in my photos walks!

Find Jérôme Colombe on flickr.