Un retour a l’argentique

On peut ressentir un grand bouleversement photographique ces derniers temps. L’argentique revient en masse dans notre quotidien, quand l’évolution photographique voudrait que l’on consomme l’image en pixels.

Pourquoi un retour aux pellicules ? Marketing bien trouvé, nostalgie, apprentissage profond de la photographie,… Il y a de multiples raisons à cette vague du Believe in Film.

Particularites de la photographie argentique

Le privilège de la photographie argentique est que chaque tirage est unique, rendant peut-être cette photographie plus noble dans sa réception artistique. Cette méthode photographique a des particularités que nous ne retrouvons pas dans le monde de l’image numérique. Les connaisseurs parlent de grain photo. Ce grain sur la pellicule est très demandé donnant des discussions fortes sur le choix de la pellicule à utiliser. Par exemple faut-il choisir un Kodak TriX ou un grain plus fin en choisissant le Kodak Tmax. N’oublions pas que cela ne fait que quelques années que les appareils photos numériques égalent les pellicules. La patience est aussi une vertu quand on photographie à l’ancienne, pas d’écran LCD et surtout pas de photos toutes prêtes à chaque déclenchement (à part pour les polaroid mais on est vite limité).

Pour ceux qui s’amusent à tout faire à la maison, la précision est demandée, surtout pour le développement en couleur qui est moins répandu. Ce travail minutieux en chambre noire requière exactitude et patience. Les heures dans l’obscurité ne se comptent pas quand on aime s’occuper soi même du processus complet : de la prise au tirage. Le numérique nous fait souvent ignorer le rôle du photographe dans la création de l’image. Les modes automatiques et l’utilisation exagérée de logiciels de traitement d’images nous font oublier qu’il y a une réflexion qui s’opère à la prise de vue. L’argentique serait une manière de pousser à un « vrai » apprentissage. Du déclenchement à volonté qui nous est possible avec la technologie, les vieilles machines à pellicules nous demandent de réfléchir, de nous concentrer et ainsi d’apprendre à faire du sans faute.

Ces dernières années, le tirage papier a beaucoup diminué avec le numérique. On s’est habitué à remplir des dossiers de photos de vacances et autres, sur les disques durs. Le regain pour le sel d’argent et sa presque obligation de voir les images imprimées feraient effet boule de neige, en amenant les utilisateurs du numérique à suivre le pas. Les site web de service photo proposent diverses manières d’afficher des clichés : Sur tasse, porte-clé, affiche, … Et pour une qualité supérieure, il existe des sites web dédiés, prêts à scanner nos pellicules et à faire des impression de qualité.

Mais il semblerait que le virtuel ne satisfait plus et les magazines en ligne se font papier. Le plaisir de retrouver l’image entre ses main, de pouvoir accrocher à son mur une photo encadrée et dépasser le visionnage rapide sur l’écran, de souvenirs perdus parmi d’autres, nous ramènent à une approche plus basique de la photographie.

Le mobile la joue argentique aussi

Révélateur de ce revival qui sent bon la chimie de labo, les applications téléphoniques fleurissent pour le bon plaisir de leurs utilisateurs. Ainsi la pléthore d’applications nous permettent de copier les effets de vieux appareils photos tel que le Holga (boîtier plastique à la lentille tout autant en plastique accueillant du 135 et du 120 en pellicule)avec son vignettage poussé ou les pellicules périmées ou encore même mal exposées. La nostalgie que nous amène l’argentique, le souvenir des vieilles photos des grands parents, l’envie donner un air artistique à sa photo forment partie des raisons de la popularité de ces filtres photo. La manipulation et la connaissance des rudiments photographiques en tant que tel ne sont pas offertes à tous et ces applications permettent à bon nombre d’agrémenter leurs images comme bon leur semble et même aux connaisseurs de jouer avec les filtres comme ils le feraient avec leurs propres matériels. Cette dimension d’une photographie vulgarisée donne la chance à la nouvelle génération qui n’a jamais mis de pellicule dans un boîtier de pouvoir s’y rapprocher et même leur ouvrir une porte vers l’envie de commencer en argentique.

Le retour des boitiers reconditionnes

D’autres ont aussi compris que remettre les boîtiers d’antan sur le marché pouvait être un bon moyen de se faire un bon petit profit financier. Ainsi des étudiants viennois ont lancé la marque Lomography, s’inspirant de le marque russe LOMO, pour remettre des anciens modèles au goût du jour. Du Zenit au Holga en passant par le Lomo LC-A tout est vendu sur leur site même des accessoires et pellicules. Se revendiquant comme étant une communauté à part entière, ils ont leur propre règles dont l’une est « Oublie toutes les règles ». La communauté est très forte et au delà d’une boutique en ligne, le site web héberge aussi les clichés de ses adeptes ainsi que les conseils de ceux-ci. Dernièrement, Lomography a lancé une pellicule appelée le LomoChrome Purple qui produit le même effet qu’une pellicule infrarouge.

Se (re)mettre a l’argentique : acheter un appareil photo et trouver du film

Pour pas cher je dirais un tour sur Ebay ou Leboncoin ou même des brocantes, voire le grenier de papi ou mamie. Il faut juste ne pas se faire arnaquer. Non, un Lubitel de coûte pas 300€ et oui j’ai payé le mien, d’occasion, 18€ en ligne. Comme quoi la mode a son prix. Et on trouve, sur divers sites web et chez le photographe de son quartier, de quoi développer et tirer ses photos maison. Et pour se faire aider, il y a beaucoup de sites et de blogs dont Dans Ta Cuve créé par des fous de la photographie argentique.

Pour aller plus loin
Believe in Film, La communauté Believe in film qui se dédie à une religion ‘la pellicule’.
Dans Ta Cuve, un blog fait par des jeunes photographes qui regorge de conseils en la matière
Digit Photo, si on veut commander autant pour son labo argentique que pour son matériel numérique.
Flickr : Analog, Les communautés autour de la photographie argentique sur Flickr pour pouvoir s’inspirer.
Le guide Marabout de la photographie, Marc Biderbost Paris Marabout n° 5310, 301 p, Tout ce qu’il faut savoir sur la photographie du matériel au développement.
Picto, pour commander des tirages de bonne qualité et pour une livraison de vos photos impeccable.