Jérémie Lusseau : “je préfère photographier l’humain”

Pour Backlight magazine, Tangi Bertin (@tangi) est parti à la rencontre de Jérémie Lusseau, photographe français de 28 ans qui capture tout au long de ses voyages les rencontres qu’il fait avec l’être humain.

Jérémie, comment décrirais-tu ta rencontre avec la photographie ?

J’ai toujours été attiré par la photo autant que je me souvienne, mais d’abord en tant que spectateur. Les premières images à m’avoir profondément marquées sont celles de Nick Ut et de Steve Mc Curry alors que j’étais ado. Ce n’est que bien plus tard que j’ai commencé à en prendre moi-même.

Comment t’es tu emparé de la photo et dans quelles circonstances ?

Je dirais que la toute première raison a été le voyage et la rencontre au sens large. L’achat de mon premier reflex a coïncidé avec une expatriation et je voulais partager par l’image mon quotidien avec mes proches et en garder une trace pour moi-même. Ma pratique était encore très amateure mais j’ai appris sur le tas en photographiant ce qui m’amusait, me surprenait, un peu comme j’aurais pu prendre des notes… C’est quelques années plus tard, en ayant l’occasion de travailler pour le photographe du National Geographic Reza, qu’un véritable déclic s’est produit et que je me suis dit que je voulais pousser les choses à un niveau supérieur.

On sent l’importance du voyage pour toi. La photographie est devenue la compagne indispensable de tes périples ?

Clairement ! J’ai découvert au fil de mes différentes expériences qu’elle était également un très bon moyen de médiation. Un appareil photo attire le regard, suscite la curiosité et permet d’ouvrir la discussion même quand on ne maitrise rien de la langue du pays dans lequel on est. C’est un excellent passeport dans la plupart des cas même si cela peut s’avérer un obstacle dans d’autres…

Tu reviens de 2 ans au Vietnam. J’imagine que ta pratique de la photo a fortement évolué là-bas ? Y as-tu rencontré des difficultés particulières liées à la culture locale ?

Je sens effectivement une évolution qui peut s’expliquer par différentes raisons : une pratique personnelle plus régulière car comme je l’expliquais, mon moteur est la découverte, la nouveauté et les surprises ne manquaient pas. Mais aussi différentes missions professionnelles liées à la photo pour lesquelles j’ai dû me plier à plus de contraintes, mais qui ont été très formatrices.

La culture vietnamienne ne m’a pas particulièrement posé de problème par rapport à la photo. Bien sûr, le rapport à l’image est différent de ce qu’il peut être en Europe, en Afrique, etc. Mais tant qu’on se comporte avec respect et qu’on montre une envie de comprendre comment les choses se passent et quels sont les codes locaux, tout se passe bien !

Quelles sont jusqu’a présent tes thématiques de prédilection ?

C’est peut être par ce que je suis très mauvais en photos de paysage, mais je préfère photographier l’humain. Je cherche en particulier à donner une visibilité à des groupes qui restent la plupart du temps dans l’ombre ou qui ont une réputation qui les précèdent : gens du voyage, migrants économiques marginalisés,…

Durant ces 2 années, as tu eu l’occasion d’explorer d’autres pays ? As tu participé à des expositions ?

Les deux dernières années ont été extrêmement bien remplies à ce niveau… Je travaillais en tant que chargé de communication pour une association du nom de France Volontaires au Vietnam et au Laos. J’ai eu l’opportunité de voyager beaucoup dans la zone à titre personnel (Cambodge, Myanmar, Singapour). Puis en 2013, une commande de cette association pour les 50 ans du volontariat international français m’a été proposée : illustrer l’action des volontaires et des structures qui les accueillent à travers le monde. J’ai donc eu l’occasion d’aller effectuer des prises de vues dans 7 pays (Bénin, Cambodge, Inde, Maroc, Pérou, Sénégal, Vietnam) afin de réaliser l’exposition “Regard sur l’engagement volontaire” qui a été présentée dans une vingtaine de pays.
A titre plus personnel, j’ai également travaillé avec Jean-Félix Fayolle, un ami photographe, sur le projet “Quartiers du monde” qui est une plongée dans les quartiers populaire d’Amérique Latine, d’Afrique de l’Ouest et de France et qui a été présenté à l’espace Cosmopolis à Nantes en décembre dernier.

Maintenant que tu es de retour en France, quels sont tes projets ?

A la fin de l’année 2013, j’ai co-fondé le collectif Iris Pictures avec cet ami. Notre objectif est de poursuivre de manière complémentaire nos reportages, en France comme à l’international mais également de proposer des prestations à des associations, collectivités etc.

Pour finir, peux tu nous parler du matériel que tu utilises, et de ton travail de post production ?

J’ai toujours travaillé avec des boitiers Canon. Après 3 ans de bons et loyaux services, j’ai récemment remplacé mon 60D par un 6D dont je très satisfait.
Côté optique, je voyage léger : un 24-105 polyvalent et un 50mm 1.4 pour le type d’images que je préfère : les portraits.
Côté postrod, la réponse tient en un mot : lightroom !